Les vieux n’aiment pas les jeunes ?

L’âge divise les générations ? Cependant l’intergénérationnel est une force, un moyen de transmission puissant. Mais certaines incompréhensions entre les générations peuvent faire leur apparition et générer des tensions. Ce mois-ci, avec notre rubrique « Changez de regard » découvrez le thème : Les vieux ne supportent pas les jeunes ? Ce préjugé est traité en 3 visions différentes : Experts (professionnel du secteur), personnels du groupe Espace & Vie, et résidents. Tous nous donnent leur vision pour lutter contre cet a priori.


Parole d'expertise Espace & Vie Changez de regard


Parole d'expertise les vieux n'aiment pas les jeunes Thierry RivoalVoilà une question déterminante orientée vers la pensée de génération.

Il est vrai que chacun s’identifie à la génération à laquelle il appartient ; avec des valeurs, des besoins et des inspirations différentes.
Il est à mon sens temps de change de regard.  Les jeunes et les personnes âgées se ressemblent et se recherchent. La créativité est une des raisons qui les rapprochent.
Auparavant, une personne de 60 ans paraissait vieille mais aujourd’hui, seniors et jeunes sont les meilleurs amis. Les séniors profitent également du lien chaleureux établi avec leurs petits-enfants.

Le fossé intergénérationnel n’existe plus, des espaces de discussions se créent. Ces derniers se veulent ouverts et attentifs.
Les personnes âgées et les jeunes  ne sont pas toujours opposés ou indifférents les uns aux autres.

Chez Espace et Vie BREST, la solidarité entre jeunes et « vieux » fait partie de notre ADN.

Directeur de la résidence depuis plus de 6 ans et avec les professionnels qui m’accompagnent au quotidien dans notre mission auprès des séniors, nous organisons des espaces collaboratifs.
Dans le cadre de notre animation, ces temps d’échange en lien avec les écoles, les lycées, le partenariat avec Luke Berry ont permis et permettent de favoriser la transmission intergénérationnelle.

Ainsi, nous favorisons les pratiques collaboratives et plaçons le partage au centre de notre animation. Le plus passionnant pour nous professionnels, c’est cette rencontre et cet échange de valeurs entre les personnes âgées et les jeunes.
Nos journées intergénérationnelles favorisent ces temps d’échanges conviviaux et permettent aux anciens et aux jeunes de jouer et de rigoler ensemble.

Penser en terme de génération, le fossé intergénérationnel n’est pas une question d’âge.

Dans un sens pratique, si les jeunes ont besoin de leurs aînés pour se construire; les anciens ont besoin des plus jeunes pour rester dans le temps présent.

Car beaucoup de seniors sont en recherche de contact avec les jeunes et d’ailleurs ils se sentent très jeunes d’esprit. Ainsi, les personnes âgées et les jeunes peuvent beaucoup apprendre les uns des autres dans de nombreux domaines.

A des moments phares de notre animation, l’importance des liens intergénérationnels n’est plus à démontrer.

Véritable vecteur de cohésion sociale, l’intergénérationnel est aujourd’hui au cœur des débats sociétaux.

Les personnes âgées partagent leurs expériences et leurs connaissances. Et les jeunes entrainent leurs ainés en les sortant de leur routine. Bref, une source d’enrichissement mutuel basée sur l’échange, la réciprocité et le développement de la bienveillance.

Au final, la guerre des générations n’aura pas lieu !!!!
Les personnes âgées  et les jeunes se différencient doublement : par leur âge, c’est-à-dire leur place dans le parcours de vie, et par leur appartenance générationnelle.
Cette analyse amène à conclure que malgré cette différence, les rapports entre eux amènent à insister sur leur rapprochement. Les personnes âgées et les jeunes s’acceptent.

 


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Francoise parole d'expert les vieux n'aiment pas les jeunes

Un mythe ou une réalité ?

La résidence Espace et Vie de Brest a la particularité d’être à proximité d’écoles, du centre social. Elle a su et sait en profiter.

Animatrice sur les temps périscolaire pour la mairie de Brest, j’ai connu la résidence grâce à un partenariat, plutôt une invitation à partager des moments conviviaux tous les mardis (gym, activités manuelles…). Les résidents accueillent et aident les enfants.
Un vrai lien se crée lors de ses échanges. Quelle joie également pour les enfants lorsqu’ils ont reçu dans leur école quelques résidents pour un goûter partagé. Car oui les résidents sont venus même si les vieux n’aiment pas les jeunes !

« Les vieux n’aiment pas les jeunes » et inversement, cette phrase n’est pas une généralité

Des deux côtés, il peut y avoir des craintes mais elles sont rapidement dissipées (peur de bruit pour les résidents et appréhension pour les jeunes de rencontrer des personnes malades). De part et d’autres, de beaux liens se tissent au fur et à mesure, et il est même souvent difficile de se quitter en fin de séance.

Alors peut-être que « les vieux n’aiment pas les jeunes » ? Mais une fois par semaine il est clair qu’ils attendent avec impatience ces visites. Une fois par semaine, ils acceptent le bruit, le chahut…et au final il en résulte de beaux souvenirs, des bêtises et… des confidences.

« Les vieux n’aiment pas les jeunes » et pourtant les résidents me parlent encore des visites reçues par la crèche, le collège, le centre social, les enfants de l’école. Les résidents en parlent d’autant plus que cela est devenu un manque, le temps périscolaire plus court ne permettant plus ces rencontres.

« Les vieux n’aiment pas les jeunes » mais ils sont ravis de voir les enfants avec leurs familles venir aux marchés de Noël organisé à la résidence pour partager un moment lors de leur weekend.

Lors du confinement quelques enfants ont transmis des messages et des dessins qui ont été affiché à la résidence… Une bulle, une joie pour ces vieux qui n’aiment pas les jeunes. Depuis février maintenant, les visites des enfants ont cessé à la résidence, et ce manque se fait ressentir, d’autant plus que les « vieux » aiment les enfants.


Changez de regard parole de senior


Parole de senior mathou octobre

Avant toute chose, il me semble essentiel de préciser ce que l’on entend par « jeune »

A mon sens, si l’on parle des enfants de 0 à 10 ans, il est faux de dire que les personnes âgées n’aiment pas les jeunes. Au contraire, je dirais même que les personnes âgées recherchent le contact des enfants. Alors oui, c’est vrai, ils sont quelque peu bruyants et remuants. Mais ce trop-plein de vie nous fait aussi du bien. Cela change nos habitudes et surtout ce qui nous plaît c’est leur spontanéité.

Ils sont francs, vrais et ne nous jugent pas

On peut alors être nous-mêmes avec eux, sans crainte, et cela donne de bons moments de partage. D’ailleurs, ce n’est pas pour rien que l’on construit maintenant des résidences ou des EHPAD avec des crèches ou des écoles intégrées.

En revanche, lorsqu’on parle des jeunes, un peu plus âgés, disons entre 11 et 18 ans, la relation est plus compliquée. ar à cet âge, on jauge, on juge les autres et nous, personnes âgées, sommes confrontés aussi à ce regard inquisiteur. On ne sait ce qu’ils pensent et cela créé des barrières de part et d’autre et nous freine dans notre envie d’aller les uns vers les autres.
Je ne crois pas qu’on puisse aller jusqu’à dire que les vieux n’aiment pas les jeunes. Je pense juste que c’est une gêne qui naît des deux côtés par la peur du jugement d’autrui. Ce n’est pas tant le fossé intergénérationnel qui est en cause que le passage obligé et souvent compliqué qu’est l’adolescence. En effet, les jeunes de cet âge ont autant de mal à lier un contact avec des personnes âgées, qu’avec leur famille, leurs professeurs ou leurs frères et sœurs…

Les jeunes se cherchent et sont gênés de montrer leurs sentiments et ont du mal à communiquer en face à face avec quelqu’un

C’est pourquoi je pense qu’il est important de trouver une autre façon de créer un contact avec eux. Par des liens peut-être plus « dématérialisés » comme par exemple par lettre, par mail ou via les réseaux sociaux. Les jeux de société sont aussi, à mon sens, un moyen de créer du lien avec eux. De tout temps le jeu est quelque chose de fédérateur et quand on joue, on ne s’occupe plus du jugement des autres.

De plus, je pense que malgré ce frein qu’est l’adolescence, ces jeunes ont besoin d’un regard bienveillant. Il les porte et les pousse pour se construire et c’est à nous, adultes, de les aider à s’accomplir. Pour cela, l’informatique me semble être un formidable outil car si ces jeunes ont grandi avec, c’est nous, personnes plus âgées, qui sommes souvent dépassées par la chose. Ce sont alors eux qui peuvent qui peuvent nous transmettre à leur tour leurs savoirs. Les ateliers numériques qui ont eu lieu en Février à la résidence en sont un formidable exemple. C’était beau de voir ces jeunes, heureux de nous apprendre des choses et nous, nous n’avions plus de barrières et nous étions même dans l’attente de ces rencontres.

En guise de conclusion, je dirai simplement que non, l’adage « Les vieux n’aiment pas les jeunes » n’est pas vrai. Surtout qu’en 2020, les « vieux » ont travaillé par le passé. La plupart des grands-mères ont occupé un poste de travail (contrairement à leurs mères). Ce qui leur a permis de développer une ouverture d’esprit plus importante.

La relation « jeune-vieux » est une relation complexe, qui demande un peu d’effort et de tolérance de part et d’autre pour que ça marche. Mais sans cette relation, les deux générations seraient bien seules et perdues.