Paul Cadou, ancien marin-pêcheur

Paul, résident à Brétignolles-sur-Mer, revient pour nous sur son ancien métier de marin-pêcheur.

Je suis né le 29 juin 1940 en mer, sur un bateau de pêche. Mes parents habitaient sur l’Île d’Yeu. L’histoire de ma naissance est un peu particulière. Ma mère avait connu des grossesses compliquées et avait perdue une petite fille, l’année avant ma naissance, lors de l’accouchement. Il y avait un petit hôpital à l’Île d’Yeu mais pas équipé pour les interventions. Mon père, lui, était parti à la guerre. Les médecins ont donc préféré emmener ma mère sur le continent pour accoucher.

Un ami de mon grand-père qui possédait une pinasse, un petit bateau qui pêchait la sardine, a accepté de les emmener. En croisant une navette de passagers, le bateau a été pris dans le sillage ; et c’est ce qui a déclenché l’accouchement. Je suis donc né sur le bateau. Ils m’ont tout de suite nettoyé à l’eau de mer parce qu’il n’y avait pas d’eau sur le bateau. Après, ils ont décidé de revenir sur l’Île d’Yeu. C’était l’effervescence sur le port avec la sortie des usines. Nous sommes montés dans un camion d’usine, entre les odeurs d’essence, d’appâts et de sardines, pour rejoindre l’hôpital.

paul cadou pêcheur

J’ai passé toute mon enfance sur l’Île d’Yeu. À 13 ans, pendant les vacances, j’ai été faire deux campagnes de pêche au thon sur le bateau de mon père pour savoir si j’avais le pied marin. Puis, en 1954, je suis partie avec mon père entant que mousse. À l’âge de 20 ans, je suis parti faire mon service militaire dans la Marine à bord de « la Jeanne » (Ndlr. Jeanne d’Arc, croiseur école de la Marine française).

En 1983, j’ai acheté mon premier bateau, l’Orchidée, que j’ai, par la suite, revendu à des frères irlandais.

C’est en 1962, lors d’une permission, que j’ai rencontré ma femme qui était en vacances à l’Île d’Yeu. Nous nous sommes mariés en 1963. Elle ne connaissait pas du tout la vie de marin donc ce n’était pas toujours facile. Comme j’avais le brevet de patron de pêche, j’ai progressivement pris la relève de mon père jusqu’à sa mort. Son bateau était assez vieux donc je ne faisais que la pêche au thon avec l’été. L’hiver, j’allais sur d’autres bateaux, des chaluts. En 1983, j’ai acheté mon premier bateau, l’Orchidée, que j’ai, par la suite, revendu à des frères irlandais.

C’est vrai que cela peut être un métier dangereux quand il y a du mauvais temps. Les conditions sont parfois difficiles. Pour le thon, on pêchait quand il faisait jour. Mais pour la pêche au chalut par exemple, il faut les relever toutes les 4 heures, le jour comme la nuit, donc il n’y a pas d’arrêt. Il fallait se lever toutes les 2 ou 3 heures, le temps de remonter et réparer le chalut si nécessaire et de nettoyer le poisson. Et puis, les bateaux n’étaient pas confortables comme maintenant. Ils n’étaient pas couverts. S’il faisait mauvais temps, on était « face à la cape », c’est-à-dire soit face à la mer soit sous les voiles.

Quand j’ai commencé à naviguer, il y avait 80 bateaux pour le thon à l’Île d’Yeu. Maintenant, il n’en reste que 4 ou 5 mais ils ne font plus de grandes pêches. C’est complètement changé maintenant. Quand j’ai commencé à naviguer, on était payé en fonction de ce qu’on pêchait et ce qu’on vendait. Parfois, vous pouviez avoir beaucoup de pêche mais le poisson ne valait pas un sou. Les prix changeaient d’une année sur l’autre. La pêche, c’est comme la mer. Ça monte et ça baisse !


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